vendredi 7 février 2014


AFFAIRE MAHE: QUAND LA JUSTICE FRANÇAISE S’ACHARNE SUR LES VICTIMES!
Ci-dessus, Maître Norbert TRICAUD en compagnie de deux des proches de Firmin MAHE qui l’ont désigné pour porter plainte contre l’Etat français en sus de 4 autres parties civiles. J’entends de ci de là que l’affaire MAHE serait morte et enterrée… Ça me rappelle un certain Jean-Marc SIMON qui disait que GBAGBO, c’était fini. Toutes proportions gardées en effet, suffit-il que ceux qui ont intérêt à occulter la vérité parviennent à museler les médiamenteurs occidentaux pour que la vérité elle-même s’efface au gré des intérêts des puissants? « Ce n’est pas parce que le mensonge se multiplie et se propage qu’il devient vérité et ce n’est pas parce que la vérité ne se voit pas qu’elle devient erreur » disait GANDHI. Alors que s’est-il passé depuis le verdict inique de la Cour d’Assises du 7 décembre 2012… Médiatiquement rien ou pas grand-chose tant il est vrai que les chiens de garde de la Françafrique veillent dans ce dossier. Pour mémoire rappelons que Firmin MAHE est ce jeune civil ivoirien étouffé le 13 mai 2005 en CÔTE D’IVOIRE à l’aide d’un sac poubelle dans un char de la force Licorne sur ordre du Général PONCET (ce n’est pas parce qu’il a bénéficié d’un non lieu plus que douteux contre son silence dans d’autres sales dossiers de la Francivoire que cela doit nous empêcher de continuer de dénoncer l’impunité dont il jouit !). A noter d’ailleurs la perversion de notre Justice qui, dans le cas d’espèce, non seulement n’a pas fait appel, mais permet de poursuivre toute personne qui mettrait en cause ceux qui ont bénéficié d’un non lieu ou d’un verdict pour le moins clément tout en criminalisant post-mortem le jeune Firmin MAHE qui n’a jamais été jugé de son vivant, mais s’est vu imputer tous les crimes de la sous-région, au mépris des règles de droit les plus élémentaires, telles que l’existence de preuves, la fiabilité de ces dernières ou encore l’accès à la justice de ses proches. Bref sur ces sujets voir notamment quelques articles commis antérieurement(1). Dans un article du Figaro daté du 16 janvier 2014 (2), nous apprenons que le colonel Eric BURGAUD -un des donneurs d’ordre du crime de Firmin MAHE- s’est vu retirer toutes ses décorations. Et alors quoi ? Doit-on féliciter cette Justice aux ordres qui après plus d’un an d’un verdict inique basé sur le mensonge, le faux et usage de faux, la subornation de témoins et je ne sais combien encore de manquements à tous les principes de droit les plus élémentaires consent à priver un colonel meurtrier de ses décorations ? Geste symbolique certes, et peut-être symptomatique me direz-vous. Car si on les lui enlève maintenant, c’est peut-être que le vent commence à tourner pour ses victimes et que le voile du mensonge se déchire. Gageons malheureusement qu’il n’en est rien ! Ne s’agirait-il pas plutôt de continuer de faire croire que les militaires français ont bien fait d’assassiner celui que l’on persiste à taxer de « coupeur de route » et de bandit dans le même article cité ci-dessus? Les photos des victimes des meurtres barbares qu’on impute à Firmin MAHE ont beau avoir été prises dans le village de LOGOUALE pour certaines, à une date antérieure à celle que les amis du colonel BURGAUD et ses complices mentionnent comme étant le fait de la « bande à MAHE », il faut à tout prix continuer à justifier ce crime barbare en le légitimant par les prétendues exactions qu’on lui colle sur le dos en inversant systématiquement la victime et le bourreau (3)... …Pendant ce temps, l’enfant de la victime vit caché quelque part en Afrique, les sœurs se terrent et rasent les murs de peur de représailles (elles ont d’ailleurs quitté la région) ; le frère aîné de la victime -Jacques- est hospitalisé depuis plus d’un an sans discontinuer avec un pronostic vital engagé à moins de bénéficier d’une greffe des deux poumons qui ne viendra pas tant que sa situation ne sera pas stabilisée. Sauf qu’on vient de lui notifier le rejet de sa demande d’asile politique après près d’un an d’un silence assourdissant de l’OFPRA qui n’a même pas daigné le recevoir en entretien comme cela se fait habituellement ; sauf que son neveu Basile a également vu sa demande d’asile rejetée par l’OFPRA qui ne craint pas d’écrire qu’il est arrivé en France en novembre 2011 avec un passeport d’emprunt, alors qu’il a atterri en France le 30 novembre 2012 avec son propre passeport tous frais payés par l’Etat français pour participer à un procès vicié dès le départ (Fabien NDOUMOU l’avocat de la famille autoproclamé depuis février 2006 a lui-même reconnu avoir été mandaté par l’Etat français et invoque aujourd’hui le secret d’Etat pour tenter de masquer sa forfaiture). C’est un imposteur qui a saboté le dossier d’indemnisation des proches de la victime en première instance, en ne déposant aucune conclusion écrite, en n’invoquant pas de préjudice moral et en ne fournissant pas le plus petit début de preuve à l’appui de sa demande de réparation du préjudice économique qui n’avait pas lieu d’être hormis en ce qui concerne le fils de Firmin. Bref, tout a été clairement ordonnancé pour que l’affaire MAHE soit complètement enterrée. Excepté la dépouille de Firmin MAHE qui elle attend toujours qu’une sépulture décente lui soit donnée en vertu d’une ordonnance aux fins d’inhumation qui date quand même de… février 2006 (4) ! Des employés de l’IVOSEP (la société de pompes funèbres qui est supposée entretenir le corps en attendant son inhumation) ont laissé entendre que c’était à la famille de payer les frais d’entretien du corps pendant ces 8 années. Ce qui n’est pas sans nous rappeler cette pratique barbare prêtée aux autorités chinoises qui iraient jusqu’à facturer la balle qui a servi à exécuter le condamné à mort. La même société IVOSEP refuse dans le même temps de répondre à nos demandes réitérées de facture, tandis que la Justice française se prévaut de l’absence de ce document pour refuser de prendre en charge les frais funéraires, dont le montant doit s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’Euros aujourd’hui si tant est que la dépouille de la victime y soit toujours. Depuis le jugement d’Instance du 22 janvier 2013 (qui fait suite au verdict inique de la Cour d’Assises en vue d’indemniser les victimes), il y a eu pas moins de 4 renvois, et 4 des parties civiles n’ont même pas pu se faire représenter par un avocat digne de ce nom. Car Fabien NDOUMOU, fort de ses bons offices de « mercenaire » de la justice françafricaine, ne s’est pas contenté de mal les défendre. Il a lâchement abandonné les parties civiles à leur sort depuis le 10 décembre 2012, soit trois jours après le verdict inique de la Cour d’Assises. Il refuse d’ailleurs toujours de restituer le dossier à ses « clients » ou même à son successeur – autant dire qu’il les prive littéralement de la moindre chance d’obtenir une juste réparation de leur préjudice. Pour contrer les procédures de manquement à la déontologie que nous avions engagées à son encontre devant l’ordre des avocats, il est allé jusqu’à les faire condamner à verser 20 000€ (en même temps ce n’est pas si grave puisqu’ils ne sont pas solvables et pas prêts de l’être, d’autant que tous deux viennent de se voir couper l’Allocation Temporaire d’Attente, en dépit du recours pendant exercé devant la Cour National des Demandeurs d’Asile). Ils ont introduit des demandes d’aide juridictionnelle depuis près d’un an mais n’ont toujours pas de décision favorable, sans compter que les notifications de pièces manquantes, les décisions de caducité qui sont supposées avoir été transmises à 6 des parties civiles dans ce procès, n’arrivent jamais entre leurs mains. Sur le plan strictement humanitaire même, Jacques a été jeté dehors en plein hiver en janvier 2013, ce qui a fait dire au médecin de PONTOISE qui le suivait à l’époque qu’ « on aurait voulu le tuer qu’on ne s’y serait pas pris autrement ». Un seul mot d’ordre : tout faire pour que l’affaire MAHE ne refasse pas surface alors que la diplomatie hollandaise inscrit résolument ses pas dans celle de son prédécesseur, avec une visite d’allégeance réciproque annoncée pour fin février 2014 (première visite de HOLLANDE en CÔTE D’IVOIRE)(5). Car l’argent, celui de l’indemnisation des victimes, est loin d’être l’enjeu central de cette affaire. Plus que jamais, « l’affaire MAHE est l’arbre qui cache la forêt »(6)de la mainmise de la FRANCE sur une grande partie des richesses de la CÔTE D’IVOIRE au détriment du droit du peuple ivoirien à disposer de lui-même. Nous osons affirmer qu’en ce début d’année 2014, l’affaire MAHE est un des rares dossiers portés sur la place judiciaire que la Francivoire n’a pas encore réussi à enterrer, avec la plainte de Michel GBAGBO contre SORO pour « enlèvement, séquestration, traitements inhumains et dégradants » de juin 2012 qui n’est pas non plus sans connaître de nombreuses obstructions (7) : - Les demandes de commissions d’enquête sur le rôle de la LICORNE dans la crise ivoirienne sont toujours en souffrance sur le bureau de l’Assemblée Nationale (8) ; - Les enquêtes sur les véritables circonstances de la mort d’Antoine MASSE (9) et de 9 soldats à BOUAKE en novembre 2004 sont au point mort, surtout après le non lieu accordé à Michèle ALLIOT MARIE (MAM rebaptisée plus à propos Mensonges Après Mensonges), déni de justice prévisible certes, mais déni de justice qu’il convient de dénoncer malgré tout (10); - Les responsables de la centaine de morts et des milliers de blessés de la fusillade de l’Hôtel Ivoire et des autres exactions commises par l’Armée française à ABIDJAN en novembre 2004 courent toujours en dépit des actions du COPAVIL (11); - Les meurtres de Guy André KIEFFER, Philippe REMOND, Yves LAMBELIN, Stéphane Frantz DI RIPPEL (12) et de bien d’autres restent sans réponse dès lors que leur résolution risquerait de mettre à jour les intérêts économiques en jeu et le rôle de la FRANCE dans leur préservation au mépris de la souveraineté du peuple ivoirien ; - La FRANCE, les instances européennes et onusiennes qui couvrent le fonctionnement de la Cour Pénale Internationale continuent de soutenir les procédures opaques, partiales et complaisantes de la Procureur BENSOUDA à l’encontre des seuls tenants de l’ancien Régime, au mépris du respect du droit non seulement des accusés, mais également de leurs prétendues victimes(13). A celles et ceux qui continuent de croire que l’affaire MAHE n’aurait fait qu’une victime, un dommage collatéral sans intérêt de la crise ivoirienne en quelque sorte, nous disons : - Pourquoi dans ce cas, les autorités politiques, judiciaires, militaires, policières tant françaises qu’ivoiriennes se donnent-elles autant de mal pour étouffer cette affaire MAHE/LICORNE depuis bientôt dix ans? - Pourquoi n’y a-t-il aucune plainte des prétendues victimes de Firmin MAHE ? - Pourquoi les autorités illégitimes de CÔTE D’IVOIRE ne sont-elles pas partie au procès pour accréditer la thèse de la « bande à MAHE » et des prétendues exactions qu’on lui impute ? - Pourquoi ne vérifie-t-on pas les témoignages des victimes de la région qui dénoncent les nombreux crimes qu’ils ont subis et continuent de subir depuis 2002 avec le soutien direct de la FRANCE ? Quelques extraits des témoignages des victimes que la justice française cherche à tout prix à écarter des débats, notamment en empêchant le procès des assassins de Firmin MAHE de suivre son cours : « Jusqu’à la rébellion de 2002, nous vivions en bonne entente avec les allogènes, en majorité des Burkinabés et des Ivoiriens venus du Nord qui pour la plupart travaillaient pour nous depuis de nombreuses années. […] nous vivions ensemble dans les mêmes villages, partagions notre vie quotidienne et nos enfants fréquentaient les mêmes écoles. Comme beaucoup de mes frères de la région, nous avons adhéré au Front Populaire Ivoirien dès sa création […] pour lutter contre le parti unique mais aussi pour une société plus juste. Après le 19 septembre 2002, […] Les rebelles venus du Nord tuaient nos parents, violaient nos sœurs et pillaient nos terres. Il y a eu plus de 40 morts dès la première attaque. La plupart des allogènes se sont rangés du côté des rebelles. La zone assiégée par les rebelles est devenue une zone de non droit. Nous avons appris ce qui se passait en accueillant des victimes qui fuyaient leurs villages […] Nous étions à leurs funérailles lorsque des rebelles ont surgi et ont assassiné par balle […] Suit une liste de victimes dont nous tairons les noms pour ne pas mettre en danger les survivants. Une autre fois, peu de temps avant le massacre du chef, les rebelles ont fait irruption au village, […]. Un groupe de 15/20 personnes est arrivé en Kia moteur (camion benne), escorté de quelques voitures et de motos 4x4 équipés de lance-roquettes. Quand ils sont arrivés devant la maison du Directeur de l’Ecole […], les enfants se sont réfugiés à l’intérieur. Ils étaient en vacances et géraient les téléphones au village. Les assaillants ont cassé la porte de la maison et ont arrosé les 5 enfants/étudiants du Directeur d’école. Ses 5 fils sont morts sur le coup et leurs tombes sont à […]. Le chef du village […] a également été assassiné par les rebelles. Ils sont allés dans son campement. […] Sa sœur […] a voulu les empêcher de partir avec le chef et ils l’ont tué d’un tir de Kalachnikov. Ils sont partis avec les sacs de cacao et le chef qu’ils obligeaient à porter une charge trop lourde en dépit de son extrême faiblesse. A quelques kilomètres du village, ils l’ont étranglé. Nous avons retrouvé son corps dans la brousse deux jours plus tard et nous l’avons inhumé. Là encore, sa tombe est là… » « Donc en 2009, quand j’arrive à […], la plantation familiale de 16ha de cacao est occupée par des Burkinabé ainsi que le campement par un dénommé « Koffi » et un autre « Moussa ». D'après les infos que j’ai, ils occupaient toujours notre plantation le 11 avril 2011 lorsque les troupes rebelles aidées par l’Armée française ont fait tomber notre Président. » « Je suis à ABIDJAN en 2011 quand survient la crise postélectorale. […] J’ai participé à la plupart des grandes marches aux mains nues en 1992, 2000, 2004, 2007, 2010, 2011 pour défendre mon pays. En mars 2011, j’ai répondu aux appels de BLE GOUDE de nous rassembler et de dormir Place de la République pour montrer à la Communauté Internationale que nous soutenions notre Président, nos institutions et que nous voulions que l’on respecte notre choix (http://www.youtube.com/watch?v=Nhmy2B3hPKo). Quand les bombardements franco-onusiens ont commencé sur le camp d’AKOUEDO, fin mars – il s’agissait d’hélicoptères français « PUMA », les gens ont commencé par fuir COCODY pris de panique. Nous étions des dizaines de milliers rassemblés autour de la Résidence Présidentielle pour soutenir Laurent GBAGBO. J’ai vu des milliers de Patriotes aux mains nues tomber. Début avril, les porte-paroles du Président nous ont demandé de partir car Laurent GBAGBO estimait que c’était lui qui était visé, que ce n’était pas la peine de mourir pour rien, comme nos frères morts en novembre 2004 en se dirigeant vers le 43ème BIMA et devant l’Hôtel Ivoire. Moi, j’ai quitté les lieux le 4 avril par la route de MPOUTO. J’ai pu regagner KOUMASSI en me faufilant entre les barrages des FRCI (Riviera 2). Avec un camarade, on a mis longtemps pour atteindre MPOUTO où on a pu prendre une barque (La Pinance) pour traverser la lagune et aller au Terminus 32. Là je suis allé me cacher dans mon Eglise jusqu’à la capture de Laurent GBAGBO et de ses proches le 11 avril 2011. Après le 11 avril, je suis resté là. Les gens de la paroisse nous envoyaient de quoi vivre et manger (nous étions au moins 6 à avoir trouvé refuge dans l’Eglise). C’est là que j’ai pu rester sans pratiquement jamais sortir au-delà d’un petit périmètre en vivant de la charité chrétienne. « […] et […] sont morts devant moi à COCODY après nous être séparés pour avoir plus de chance de nous en sortir au niveau de la RTI quand nous avons fui la Résidence Présidentielle début avril comme je l’ai exposé plus haut. Nous avons vu les rebelles les découper en morceaux. Nous avons assisté impuissants à leur dépeçage, pétrifiés par la peur. » Malgré tout, un espoir nouveau se fait jour dans ce dossier avec la désignation de Maître Norbert TRICAUD qui a accepté de les représenter à cette audience d’appel tout d’abord, avant de porter plainte contre l’Etat français qui devra rendre compte de sa responsabilité dans cette tragédie (14)… En espérant que cela permette à de nombreuses autres victimes de reprendre confiance, d’engager la responsabilité de l’Etat français dans toutes les affaires précitées, et plus largement la couverture de nombreux crimes barbares commis par les rebelles de 2002, sans oublier sa responsabilité dans l’accès et le maintien au pouvoir d’un régime aussi illégitime que liberticide, dont la liste des victimes ne cesse de s’allonger (15). C’est pourquoi nous invitons toutes celles et ceux qui rejettent la Françafrique et sa Justice aux ordres à venir massivement soutenir Maître Norbert Tricaud lors de sa première plaidoirie dans l’affaire MAHE/LICORNE le mardi 11 février 2014 à 9h à la COUR D’APPEL de PARIS Pôle 2, chambre 4

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