jeudi 3 mars 2011

CRISE IVOIRIENNE :IMMIXTION DE LA FRANCE DANS LA CRISE IVOIRIENNE

La crise en Côte d'Ivoire, qui est une affaire intérieure à ce pays, a montré une nouvelle fois que certains Etats africains ne semblent pas, aux yeux, des anciennes puissances coloniales, avoir acquis leur indépendance.

Dans une telle crise, la sagesse des nations commande que les Nations unies, en tête, déploient des efforts de médiation entre les deux camps opposés, pour aboutir à une solution qui éviterait de déboucher d'un moment à l'autre, sur une guerre civile dont les effets seront désastreux pour le peuple ivoirien.

L'Union africaine est également tout désignée pour jouer ce rôle de médiateur pour parvenir au même objectif. Il en est de même de l'organisation économique Cedeao, dont la Côte d'Ivoire est un membre important. A la rigueur, l'Union européenne, en tant que regroupement régional qui a des intérêts dans ce pays et dans la région, pourrait s'y prononcer et joindre ses efforts à un règlement qui éviterait toujours le pire pour le peuple ivoirien.

Les Nations unies n'ont rien fait dans le sens de ce règlement et, sous la pression de certaines puissances membres permanents du Conseil de sécurité, elles ont pris position pour une partie au détriment de l'autre.

Les Nations unies, on le sait, ont avalisé le score électoral dans ce pays, proclamant le candidat Ouattara, vainqueur du scrutin présidentiel, un résultat contesté par son rival et néanmoins président de fait de la Côte d'Ivoire. Cet aval de l'Onu, soufflé par la France, qui ne porte pas dans son cœur Laurent Gbagbo pour avoir remis en cause ses intérêts locaux, est utilisé comme verdict sans appel donnant lieu à des sanctions contre Gbagbo.

Les sanctions de l’UE
D'abord, c'est l'Union européenne sous influence de Paris, qui décrète des sanctions contre le président sortant, sa famille et son clan. Ces derniers sont ainsi interdits de visa d'entrée dans les pays européens. Ensuite, ce sont les Etats-Unis qui suivent en décidant des mêmes mesures. Pour l'heure, cette sanction «symbolique» n'aura pas de conséquences sur la vie de la population ivoirienne.

Il est par conséquent clair, que cette interdiction de visa va être suivie d'autres sanctions plus lourdes, celles qui touchent directement l'économie de ce pays pauvre malgré ses richesses.

Alors que les dirigeants étrangers faisaient preuve de réserves à l'égard de la crise, se contentant de rappeler la «position officielle» des Nations unies, le président français, Nicolas Sarkozy, qui continue de croire que les anciennes colonies françaises en Afrique sont toujours des colonies, a sommé le président Gbagbo de quitter le pouvoir comme s'il parlait à l'un de ses subordonnés.

L’ordre de Sarkozy
Le locataire de l'Elysée a saisi récemment l'opportunité d'une réunion européenne à Bruxelles, pour «ordonner» devant les médias de son pays à son homologue ivoirien, de «quitter le pouvoir d'ici la fin de la semaine». Du reste, sa sortie menaçante a été critiquée par ses proches comme par les diplomates africains à Paris.

«Sarkozy méconnaît la politique africaine. Il voulait profiter de l'attitude américaine, mais il s'est cassé la figure», indiquait aux médias français une source diplomatique africaine basée à Paris, pour qui «depuis le départ de Jacques Chirac, beaucoup de choses ont changé dans la législation française».

Ce que le locataire de l'Elysée, en amateur de la diplomatie, n'a pas encore compris. Du reste, cette menace est perçue comme un cou d'épée dans l'eau, puisque «aucune décision engageant l'Etat français ne peut être exécutée en dehors du parlement», selon cette source, qui précisait que Sarkozy «ne peut pas faire comme son prédécesseur qui a géré la crise ivoirienne en faisant fi du peuple français et de ses institutions».

Des fins inavouées !
Non remis à sa place après cette bourde, Sarkozy a tenu hier, avant le Conseil des ministres, «une réunion sur la situation en Côte d'Ivoire», regroupant son Premier ministre François Fillon, le chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie ainsi que son ministre de la défense, Alain Juppé.

Il est clair que cette réunion n'est pas convoquée uniquement pour examiner comment protéger les 15 000 ressortissants français vivant en Côte d'Ivoire, en cas d'aggravation de la situation dans ce pays. la veille, Gbagbo a appelé au calme, affirmant ne plus vouloir que le sang soit versé dans son pays. Il a également suggéré la mise en place d'un «comité d'évaluation international pour sortir de la crise», tout en réaffirmant être le vainqueur du scrutin. Au même moment, son rival, Alassane Ouarttara, appelle ses troupes à la désobéissance. civile, avec tous les risques que cet appel pourrait créer.

Comme on le voit, la crise est sans issue tant les deux parties tiennent à leur position. cela rappelle la crise au Zimbabwe, lorsque le président Robert Mugabe a été donné vaincu par les occidentaux, qui avaient soutenu son rival. Mugabe est toujours sous l'effet de sanctions, mais il est encore à sa place. En côte d'Ivoire, la France dispose de troupes militaires qui n'ont rien à faire dans ce pays. Comme du reste,

dans d'autres Etats de la région, dont la mission est de protéger les grands intérêts des entreprises françaises qui pillent les ressources des peuples du continent, avec souvent la bénédiction des dirigeants locaux. Or, le changement d'attitude de Paris envers Gbagbo est motivé par le désir de ce dernier, de mettre fin à la présence française dans son pays. Alors, peu importe pour Paris que la crise ivoirienne débouche sur un massacre des populations ivoiriennes. Pourvu que ses intérêts soient sauvegardés.

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